La dysphasie

Définition

Trouble structurel durable de l'acquisition du langage parlé chez une personne sans déficience intellectuelle, sans déficience sensorielle ni pathologie psychiatrique.

Signaux d’alerte

Expression

  • troubles de l'élocution : peuvent être massifs ;
  • troubles de l'évocation : cherche ses mots, périphrases ;
  • langage non informatif : incapable de transmettre une information uniquement par la parole ;

Compréhension

  • difficulté de compréhension des consignes verbales si absence de contexte, de support concret ;
  •  écholalie

Troubles associés possibles

  • troubles cognitifs (symboliques, mnésiques, spatio-temporels, calcul) ;
  • troubles perceptifs (discrimination auditive) ;
  • troubles psychomoteurs (retard, dyspraxie, latéralisation) ;
  • troubles du comportement (attention, hyperactivité, contrôle des émotions, isolement social) ;
  • autonomie (lenteur, fatigabilité, manque de confiance en soi) ;
  • dysphasie et dyslexie (problèmes phonologiques, mnésiques, de décodage, d'agrammatisme, d'accès au sens).

A qui faire appel en première instance ? Les personnes ressources

  • le DESED et le psychologue scolaire pour une première évaluation;
  • information à la famille et demande de consultation médicale (médecin de PMI, médecin scolaire, médecin traitant) ;
  • bilans : orthophonique, ORL, ophtalmologique, et psychologique (en cas de trouble sévère seulement) ;
  • diagnostic posé par l'orthophoniste quand les diagnostics différentiels ont été écartés.

Types de dysphasie

  • dysphasie phonologique syntaxique : trouble de l'élocution et de la syntaxe, surtout expressif ;
  • trouble de production phonologique : trouble massif de l'élocution aggravé par la répétition, manque du mot et dyssyntaxie ;
  • trouble réceptif : difficultés de compréhension, de répétition, d'analyse auditive ;
  • trouble lexical-syntaxique : difficulté expressive et réceptive avec manque du mot et difficultés mnésiques importantes;
  • trouble sémantique-pragmatique : trouble réceptif et expressif de l'utilisation du langage, de l'informativité du discours (ressemble au langage des autistes).

Que peut-on faire ?

En classe

  • Aménagement scolaire : forces et habiletés de l’enfant dysphasique
    • désir de communiquer, d'apprendre ;
    • bonne observation et réussite dans les tâches non verbales ;
    • aménagement de la classe ;
    • explication du statut de l'enfant (avec son accord) ;
    • placement pour faciliter l'attention et la communication.
  • Relations avec l'enfant 
    • parler lentement, avec des phrases et des mots simples mais précis ;
    • poser des questions pour vérifier la compréhension 
    • laisser le temps de répondre gratifier essais et efforts, reformuler les réponses incorrectes.
  • Apprentissages en maternelle 
    • stimuler le langage oral dans toutes les activités 
    • utiliser des mots précis 
    • utiliser les images pour affiner la compréhension de textes 
    • développer la conscience phonologique en s'appuyant sur le visuel, le corps et les gestes (Borel Maisonny) 
    • renforcer la discrimination visuelle pour compenser les difficultés phonologiques ;
    • exploiter au maximum les compétences non-verbales pour les apprentissages (démonstrations, manipulations)
  • Apprentissages en primaire :
    •  organiser la leçon en fonction des facilitations pour l'enfant (clarté, images, couleurs,...) 
    • organiser fiches et contrôles en simplifiant les consignes (orales ou écrites), en présentant un seul exercice à la fois 
    • aménager la forme de l'exercice pour tester uniquement le sujet demandé (textes à trous, fins de mots à accorder,...) 
    •  adapter la notation aux progrès, éviter de noter les domaines très déficitaires dans la dysphasie 
    • continuer le travail phonologique avec des aides adaptées à l'enfant (méthode gestuelle,...) 
    •  adapter le matériel de lecture (mise en page, couleurs, méthode adéquate, dictionnaire imagé,...) 
    • stimuler toutes les modalités de la mémoire, mais veiller à adapter les exercices aux possibilités de l'enfant;
    • aider l'enfant à s'autonomiser en utilisant des modèles clairs à suivre toute l'année (emploi du temps, organisation d'une activité, tenue du cahier de l’enfant,...) ;
    • ne pas donner de punitions à écrire ;
    • accepter les aides mémoire, les tables de mathématiques, les reformulations de définitions, quand il s’agit d’un exercice et non du « par cœur » ;
    • aménager les devoirs en vérifiant la copie dans le cahier de texte, le contenu du cartable, et en aménageant la quantité aux possibilités de l’enfant (et ainsi exiger un rendu minimum) ;
    • éviter les boutades au second degré et jeux de mots !

Avec la famille et les soignants

  • utiliser un cahier de liaison en partenariat avec la famille et les soignants ;
  • bien préciser dans le cahier de texte les priorités des devoirs, les aménagements d’exigences, voire un temps de devoirs maximum.

Types de troubles du langage
Différence entre « retard de langage », « retard de parole » et « dysphasie » :

retard de langage 

C’est le langage d'un enfant plus jeune, généralement rattrapé avant 6 ans; un retard de langage est diagnostiqué lorsque la capacité de l'enfant à parler demeure très nettement inférieure à celle des enfants de son âge et qu'aucune circonstance particulière ne peut expliquer ce retard.

Entre deux et six ans, à l'âge où les enfants sont habituellement bavards, ces enfants ne parlent pas ou très peu.

retard de parole

Le retard de parole se manifeste par « une modification phonétique des mots avec des erreurs dans la combinaison de phonèmes juxtaposés par influence réciproque des différents phonèmes voisins, alors que les mêmes phonèmes sont correctement prononcés quand ils sont isolés ».

On note des simplifications de phonèmes (arbre prononcé ab), des substitutions de phonèmes (train prononcé crin), une absence de modification de point d’articulation d’une syllabe à l’autre (couteau prononcé touto).

On observe à 3-4 ans la persistance du parler « bébé » et plus tard la non-acquisition de certaines consonnes alors que le langage (ordre et choix des mots) lui-même est normal. Ces déformations sont habituelles chez l’enfant qui apprend à parler. Leur persistance au-delà de 5-6 ans nécessite une prise en charge avant l’entrée au cours préparatoire.

dysphasie

trouble sévère, durable, avec des aspects du langage inhabituels et hétérogènes; peut évoluer vers un langage fonctionnel socialement, mais avec des troubles fins.

Les différents types de dysphasie :

  • dysphasie phonologique syntaxique : trouble de l'élocution et de la syntaxe, surtout expressif ;
  • trouble de production phonologique : trouble massif de l'élocution aggravé par la répétition, manque du mot et dyssyntaxie ;
  • trouble réceptif : difficultés de compréhension, de répétition, d'analyse auditive ;
  • trouble lexical-syntaxique : difficulté expressive et réceptive avec manque du mot et difficultés mnésiques importantes;
  • trouble sémantique-pragmatique : trouble réceptif et expressif de l'utilisation du langage, de l'informativité du discours (ressemble au langage des autistes).

Une évaluation du langage à réaliser en PS par l’enseignant de la classe (voire un membre du DESED) est proposée grâce au questionnaire "Langage et Comportement ", Chevrie-Muller.

En savoir plus :

ADEPA France

Association française de Parents d'Enfants en Difficulté d'Apprentissage du langage écrit et oral

6, allée Antoine Lemaistre

78460 Chevreuse

http://www.apeda-france.com

Avenir dysphasie

Association Avenir Dysphasie (ADD France)

1bis Chemin du Buisson Guérin

78750 Mareil Marly

https://www.dysphasie.org

Coridys

Coordination des intervenants auprès des personnes souffrant de dysfonctionnements neuropsychologiques

Secrétariat National et Centre de Ressources 

7, av. Marcel Pagnol

13090 Aix-en-Provence

http://www.coridys.fr/

Bibliographie

  • « Les besoins éducatifs des enfants dysphasiques », manuel de dépistage de la dysphasie, d’évaluation et d’aides pédagogiques, Octobre 2002.
  • « A propos de l'enfant dysphasique et de l'enfant dyslexique », rapport Jean-Charles Ringard février 2000.
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